Monday 16 September 2013

Attentat de Lockerbie: des ventes d'armes dans les décombres

[This is the headline (which can be translated as “The Lockerbie attack: arms sales in the debris”) over a long article, in French, published today on the Bakchich website.  It reads in part:] 

L’Ecosse a libéré Abdelbaset al-Megrahi, l’auteur désigné de l’attentat de Lockerbie en 1988 qui se mourait d’un cancer de la prostate, par compassion croyait-on…

Dans la bouche des politiques, l’abus du mot compassion dissimule souvent une obscénité. L’affaire de l’attentat de Lockerbie en Ecosse (cf. « Kadhafi ne rime pas avec Lockerbie » - l’intégrale, du 8 janvier 2012) nous en fournit hélas une nouvelle illustration.  

On se souvient en effet que Abdelbaset al-Megrahi, membre présumé des services secrets libyens basé à Malte et tenu pour co-responsable de l’attentat meurtrier, a été libéré de sa prison écossaise le 20 août 2009 en échange d’une renonciation de sa part, à faire appel de sa condamnation de 2001. (...)

Tony Blair, Premier Ministre britannique, a donné sa démission le 27 juin 2007. Or, le 29 mai, quelques semaines avant son départ donc, l’idole de Nicolas Sarkozy était à Syrte où il négociait avec le Premier Ministre de Kadhafi Ali Al-Mahmoudi, l’achat par la Libye du système de missiles sol-air Jernas également désigné par les spécialistes sous l’appellation de « RAPIER FCS » de l’industriel MBDA dont le britannique BAE Systems possède 37,5% du capital. Un deal de 400 millions de £ représentant au bas mot 2000 emplois de l’autre côté de la Manche.

Plus surprenant, les négociations de Syrte portèrent également sur les discussions préliminaires (« Memorandum of Understanding ») à la conclusion d’un ‘accord de transfert de prisonnier’  dont les libyens ne firent nulle mystère pour préciser qu’il concernait le retour au pays d’Abdelbaset al-Megrahi.

Le mail de Sir Vincent Fean, l’ambassadeur de Londres à Tripoli, a été envoyé le 8 juin 2008 au secrétariat de Tony Blair qui avait débuté depuis un an une nouvelle carrière très rentable de consultant international.

1300 mots qui laissent aujourd’hui supposer qu’en langage diplomatique, le mot compassion a un sens particulier:

« Il existe un dossier bilatéral que j’espère que TB (Tony Blair) pourra évoquer.

Le 29 mai 2007 à Sirte, il s’était mis d’accord avec le premier Ministre libyen afin que la Libye se dote du système de défense aérienne britannique Jernas. Un an plus tard l’industriel MBDA est de retour à Tripoli (depuis le 8 juin) pour finaliser et signer le contrat de 400 millions de £ qui représente 2000 emplois en Grande Bretagne. 

Saif Kadhafi (le fils) indique qu’ils peuvent conclure mais qu’il existe une opposition au sein des forces armées libyennes qui milite en faveur d’équipement russe.

Nous pensons que le Colonel Kadhafi est favorable à la conclusion de cet accord encore qu’il serait utile qu’il exprime son point de vue plus clairement. Le dossier peut également être évoqué avec le Premier Ministre libyen et le ministre de la planification. C’est le premier Ministre Baghdadi lui même qui avait évoqué l’achat de matériel anglais devant les médias.

La Libye met également dans la balance, les 4 accords judiciaires bilatéraux pour lesquels TB a signé un protocole d’accord avec Baghdadi le 29 mai. Le protocole stipulait que les accords seraient négociés dans l’année et ils l’ont été. Ils sont prêts à être ratifiés à Londres dès que la Libye aura tenu parole sur Jernas ».

Toutefois, le mail de l’ambassadeur porte aussi à la connaissance de Blair les derniers développements du dossier Al-Megrahi et le met en garde contre les demandes de libération dont ce dernier pourrait faire l’objet alors qu’il avait fait appel de sa condamnation : « Le Colonel K pourrait bien soulever la question. Saif (le fils de K) l’a fait la semaine dernière. L’affaire est maintenant devant la Cour d’Appel écossaise. Alors que l’affaire est pendante, aucune requête ne peut être faite sur la base de l’accord de transfert de prisonnier.

Si l’appel devait échouer et qu’une nouvelle demande de libération était formulée, il appartiendrait au gouvernement écossais de l’examiner et pas à HMG (le Gouvernement de Sa Majesté) » (...)

Il faut croire que le gouvernement écossais ne s’est pas montré d’une intransigeance excessive envers les fonctionnaires du Foreign Office lui ayant présenté les données du problème, quand bien même il n’aurait finalement pris sa décision que pour des raisons humanitaires. (...)

Il n’en reste pas moins que l’accord de transfert de prisonnier a été ratifié en novembre 2008 et que Al-Megrahi a quitté sa prison le 20 août 2009 « on compassionate grounds » pour assister, depuis son lit de mort, au déclenchement de la «révolution» libyenne.  

[A translation can be effected through Google Translate.]

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